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17 juin 2020 à 10:44

Jeremy Darodes, au nom du père

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Posté par BOULEGAN le 16/6/2020

 

 

 

 

 

Photo Jac Verheul

    close volume_off                     Dans la carrière des plus grands champions, il y a des moments vraiment extraordinaires. Jeremy Darodes en a évoqué quelques-uns avec nous, et poussé pour Boulistenaute la porte d'une famille de grands champions. Pour une interview à cœur ouvert, avec un joueur qui sait d'où il vient, et où il va.  

 

 

Je vais te poser la question que je pose à beaucoup de grands joueurs depuis trois mois : quel est ton meilleur souvenir ?

 

Forcément, c'est le championnat de France en triplettes avec mon père. C'est le concours, quoiqu'on dise, le plus dur à gagner au monde, et le gagner avec son père, ce sont des émotions assez particulières.

 

 

 

C'est une des seules fois où l'on t'a vu t'aligner avec James dans une très grande compétition. Comment ç'est arrivé?

 

L'année précédente, on avait gagné le championnat de France doublettes, avec Christophe (Sevilla, NDLR), et on cherchait un troisième. On a demandé à pas mal de monde, Pilewski, Michel Loy, Thierry Grandet. A chaque fois ça ne se faisait pas, on arrivait au mois d'octobre et à ce moment-là, mon père m'a dit : « Si vous voulez, je fais une année avec vous, ça vous laissera le temps de vous retourner. » Et on a fait comme ça. Mais on n'a pas fait un seul concours ensemble avant, parce que mon père, il a le même caractère que moi, ça peut être parfois volcanique entre nous et on sait qu'il faut qu'on ne joue qu'à bon escient.

 

Voilà, on a fait le championnat de ligue, on a gagné, et je suis parti au championnat de France avec lui.

 

Photo Jac Verheul 

 

Quand on est dans une aussi grosse compétition avec son père et qu'on la gagne, qu'est-ce qu'on ressent ?

 

Nous, à ce moment-là, on faisait partie des favoris. On était en forme, on gagnait pas mal de concours, on était champions de France en doublettes, Christophe avait gagné le titre en tête-à-tête quinze jours avant. Et moi, je jouais aussi beaucoup pour mon père, parce qu'il faisait partie de ces gens, comme Gruget, Loulon ou d'autres, qui n'avaient jamais été champions de France mais l'auraient largement mérité. Donc je jouais aussi pour lui, pour essayer de faire en sorte qu'il ait ce maillot. Du coup, c'était un week-end super-stressant.

 

 

Vous vouliez gagner, donc ?

 

Oui, enfin, comme toujours d'ailleurs. Moi, quand je pars de chez moi, que je monte dans ma petite voiture pour jouer, si ce n'est pas pour gagner, je préfère rester chez moi. C'est comme ça.

 

Et là, avec la forme qu'on avait, et le sentiment que lui allait nous apporter, en plus, un peu de sérénité, on n'y allait pas pour perdre, c'est sûr. D'ailleurs, il a fait un super-championnat de France. A l'appoint, il n'en jetait quasiment pas.

 

Photo Jac Verheul 

 

Avec un père comme James, je suppose que tu es tombé dans la marmite, comme Obélix, dès ton plus jeune âge, et que tu ne pouvais faire autrement que de devenir, toi aussi, un joueur. Parle-moi de ça, de tes débuts.

 

Tout jeune, c'est vrai que je le suivais pas mal sur les compèts, il m'a amené un peu partout, et forcément j'ai attrapé le virus. Ensuite, je jouais à un bon niveau au foot, j'étais dans les sélections jeunes, donc j'ai un peu levé le pied et je ne suis retourné à la pétanque que vers quinze ou seize ans.

 

Là aussi, j'ai fait des sélections, et je suis tout de suite rentré dans le truc. J'ai vu que je n'étais pas trop maladroit, alors j'ai stoppé le foot et j'ai continué.

 

 

 

Et ça t'a amené rapidement vers des sélections internationales, et des premiers titres. Ça aussi, ce sont de bons souvenirs ?

 

Oui, j'ai commencé par aller aux championnats du monde, et à dix-sept ans, on m'a envoyé aux championnats d'Europe faire le tir de précision et le championnat par équipes, avec Angy Savin. Et là, j'ai fait le doublé.

 

 

Parmi ces jeunes que tu côtoyais à l'époque, on voyait déjà, pour certains, qu'ils seraient plus tard de grands joueurs ?

 

Chez les jeunes, on ne peut jamais trop savoir, parce que c'est vrai que quand on est junior, le palier pour monter en senior est compliqué à passer. Soit on y arrive, soit on n'y arrive pas, il n'y a pas d'entre-deux. Quand on a dix-huit, dix-neuf ans, si on parvient tout de suite à faire des perfs, à se qualifier pour des championnats de France, ça aide, mais sinon on peut se démotiver et rester un joueur moyen.

 

Mais bon, avec certains, on voyait bien que ce ne serait pas le cas. Avec moi, il y avait Malbec, Dylan était un peu plus jeune mais on savait déjà ce qu'il deviendrait, tu avais Angy qui savait déjà tout faire, avec et sans les boules, Jean Feltain...

 

 

Qu'est-ce que ça veut dire, avec ou sans les boules ?

 

C'est à dire que... la pétanque, ça ne se passe pas dans une église. Parfois, pour gagner, il faut arriver à un peu déstabiliser l'adversaire, sans le menacer ou l'insulter, bien sûr.

 

C'est une notion qui était courante à une certaine époque, mais qui a complètement disparu du discours qu'on entend aujourd'hui sur les jeux. Toi, tu la défends, on vient de le voir, d'où est-ce que ça vient ?

 

Comme je te le disais, j'ai suivi mon père dans les grandes années, et j'ai vu pas mal de choses de cet ordre. J'ai vu Marco (Foyot, NDLR) faire certains trucs qu'on fait quand on est coquin, qui n'ont rien de méchant mais qui permettent parfois de gagner. A seize ans, Daniel Voisin m'a pris dans sa voiture et m'a fait faire le tour de la France, lui aussi m'a montré deux ou trois choses...

 

Je trouve qu'aujourd'hui, le jeu devient trop stéréotypé. C'est chacun dans son coin, pas un bruit, pas une parole. Moi, je trouve qu'à la base, une partie de boules, c'est comme une pièce de théâtre, c'est ce qui fait son charme en tous cas. S'il y a quelques mots, que ça grogne un petit peu, qu'on s'attaque les uns les autres, ça n'a rien de grave. L'essentiel, c'est que lorsque la partie est finie, tout ça soit oublié, qu'on parte sur un autre truc.

 

 

Donc, dans la pétanque d'aujourd'hui où tout cela ne semble plus trop avoir de place, quand tu vois des gens comme Foyot ou Fazzino, qui sont toujours compétitifs, faire du spectacle ou être un peu coquins, comme tu dis, je suppose que ça te plaît ?

 

Bien sûr. Et je ne te cache pas que j'aime bien jouer contre eux. Parce que là, tu sais que tu peux parler, t'exprimer, tu peux faire plein de choses avec des adversaires comme ça. C'est un jeu, moi je me régale et je pense que les gens qui regardent, eux aussi se régalent. De toute façon, contre des gens comme ça, qui parlent et qui ont une grosse présence sur le jeu, si on reste dans son coin en attendant que ça se passe, ils prennent l'ascendant sur toi au bout d'un moment.

 

 

 

Et ça te plaît, ces parties-là ?

 

Bien sûr. Moi, c'est ce qui me fait jouer aux boules. J'adore quand il y a du monde, j'adore quand ça brasse un petit peu, c'est un combat et j'aime ça.

 

Photo Yohan Brandt pour Quarterback

 

Tu disais tout à l'heure que lorsqu'on est junior, il y a une marche à monter pour faire aussi des résultats en senior. Toi, cette marche, tu l'as montée tout seul puisqu'en 2009, tu parviens en finale du championnat de France tête-à-tête. Ça aussi, c'est un grand souvenir, je suppose ?

 

J'avais fait le championnat de France en 2007 et 2008 en triplettes, et j'avais mesuré la hauteur de la marche, en effet. Je me disais : « Ca va être dur, ça va être dur. » Et mon père me disait : « Ne t'inquiètes pas, sois patient. » Mais alors que je marchais bien dans les nationaux, en championnat, je me mettais une pression terrible. Quand on est parti pour Aurillac, il y avait six heures de route, et en arrivant, j'étais remonté à bloc. J'étais conditionné pour gagner, j'avais l'impression d'avoir déjà été vingt-cinq fois champion du monde, j'avais la rage, j'étais plus que bien.

 

Après, malheureusement, je suis tombé en finale contre quelqu'un qui, à la base, est un très bon joueur, Cyril Georget, et que je connais très bien. Et cette rage que j'avais en commençant le championnat, je n'ai pas réussi à la retrouver contre lui. Entre la demi et la finale, au lieu d'aller me mettre à l'écart, je suis rester à attendre sur le terrain. Les gens venaient me voir, me féliciter de mon jeu, même Marco (Foyot, NDLR) qui m'a dit : « Qu'est-ce qui peut t'arriver en jouant comme ça ? », ce qui m'a un petit peu retourné le cerveau avant de commencer, et ensuite, jouer quelqu'un d'aussi adorable, c'était difficile. C'était peut-être le seul que je n'aurais pas voulu rencontrer. Ça m'a mis un peu dedans.

 

 

Ca fait plusieurs fois que tu dis Marco, pour désigner Marco Foyot. On a l'impression qe c'est quelqu'un qui est important, dans ton Panthéon personnel. Je me trompe ?

 

C'est vrai. Un peu moins maintenant, parce qu'on sent qu'avec Fazzino, ils sont plus là pour ne faire que du spectacle. J'ai l'impression que Marco s'intéresse moins à la compétition qu'avant. Mais sur l'ensemble de sa carrière, c'est vrai que c'est quelqu'un à qui je pourrais m'identifier.

 

 

 

On a commencé à parler de ta famille, et il y a quelqu'un, notamment, qui a pris beaucoup de volume dans le paysage de la pétanque internationale, c'est ta sœur Charlotte. Je suppose que tu suis sa carrière avec plus que de l'intérêt ?

 

Bien sûr. En plus, aujourd'hui, avec les media, la télé, les réseaux sociaux, tu es très exposé, et ça ne fait pas si longtemps que ça qu'elle joue. Elle a commencé petite avec nous, mais on ne voulait pas forcément la mettre dedans, c'est venu avec Jessy Feltain. Du coup, on essaie de la protéger un peu, d'autant qu'on n'est pas toujours d'accord avec tout ce qui se passe. Attention, quand elle a tort, on ne la ménage pas, on lui dit les choses comme elles doivent être dites, mais quand elle a raison, là, on la soutient à 100%.

 

 

On voit certains champions qui évoluent vers un certain semi-professionnalisme, qui bénéficient de conditions de travail aménagées et qui peuvent consacrer beaucoup de temps au circuit. Toi, tu es ostréiculteur, comme toute ta famille, et tu dois obéir aux contraintes de votre entreprise. Est-ce que c'est compliqué parfois ?

 

Ce n'est pas évident. Par exemple, quand je fais les Masters comme c'était le cas l'an dernier, je m'échappe pour jouer le jeudi, mais quand mes collègues partent le vendredi pour jouer un national le week-end, moi je rentre pour aller en mer. On souffre aussi beaucoup de l'éloignement géographique : toutes les belles compèts sont situées loin de chez nous. Chaque fois, c'est sept, huit heures de route. Donc c'est pas mal de sacrifices, en effet.

 

 

On a le sentiment que les Darodes, c'est une tribu, et que tout le monde fonctionne ensemble, se serre les coudes. Est-ce que c'est ça qui vous a poussé, cette année, à tous partir signer dans le Rhône, aux Canuts ?

 

Oléron s'arrêtait un peu, et on était partis pour monter un club de copains chez nous. Parce qu'il faut bien penser une chose, c'est que nous, notre famille, on ne doit rien à personne. Au travail, dans la vie ou dans les boules. Je refuse de jouer avec des sponsors, le partage en quart, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé et je crois que ça commence à se savoir.

 

Et un jour, on rencontre Monsieur Duvarry, qu'on ne connaissait pas du tout. Il est venu jusqu'au marché où on vend des huitres, à Nantes, pour nous rencontrer. Et j'ai beaucoup apprécié l'homme, et son projet sportif. Après, on a aussi parlé d'argent, mais crois-le ou non, on a parlé deux heures dans un café et la question d'argent a occupé les dix dernières minutes. Il nous a dit où il veut aller, ce qu'il veut faire de la pétanque, et ça nous a plu, à mon père et à moi. Donc on en a fait part à ma sœur, on s'est laissé une semaine de réflexion et on est tous partis signer à Lyon.

 

 

Tu es actuellement à l'arrêt, comme tout le monde dans le milieu de la pétanque en attendant de voir comment tout ça va reprendre. Est-ce que tu as déjà calé certaines dates de fin de saison, ou pas du tout ?

 

Non, je n'ai pas vraiment regardé. La saison 2020 est comme ça, c'est dur, mais ça fait aussi du bien de couper. Moi, de toute façon, j'aime bien faire des pauses. Je joue beaucoup sur l'envie, et quand elle n'est pas là, je ne joue pas bien et ça m'énerve. Là, c'est une coupure un peu plus grosse que prévu, mais je t'avoue que pour nous le confinement n'a rien changé. On avait le droit de travailler, et on y allait tous les jours.

 

 

Entretien réalisé par Pierre Fieux

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